Zibaldone salentino (extrait 8)

di Gianluca Virgilio

Villages salentins. Nos villages sont vraiment laids, la laideur vient de l’absence de tout projet d’urbanisme, quel qu’il soit, puisque chacun a construit comme il voulait et où il voulait, abattant et réédifiant ou construisant ex nihilo, sans aucun plan et sans qu’aucune autorité publique ne vienne empêcher le massacre du territoire, celle-ci se contentant de favoriser une logique géométrique de techniciens ignorants propre à satisfaire une clientèle tout aussi ignorante. Ce paysage urbain ne peut s’apprécier qu’à condition d’abandonner toute référence esthétique historiquement datée et d’adopter le point de vue de la « vie pure », qui ici se manifeste comme un agglomérat de choses diverses et privées de toute cohérence, chaos originaire qui crée un autre chaos, sans aucune intervention du logos.

Écrire à la première personne. Écrivant à la première personne, je mets mon « moi » en scène, j’observe quelle forme il prend, et je suis le premier à m’étonner de voir sous ma plume beaucoup de choses auxquelles je ne m’attendais pas. Je ne pense pas être affecté de narcissisme, car le narcissique est sous l’emprise d’une illusion, celle de pouvoir aimer sa propre personne, qui est là, face à lui, dans le miroir de la source qui lui renvoie une image toujours égale, le confortant dans son erreur. Lorsque j’écris, au contraire, je découvre le « moi » qui n’est plus, le « moi » que j’étais autrefois et que je suis aujourd’hui, sans savoir que je suis ce « moi », un « moi » que je ne connaissais pas, qui n’avait jamais été mon « moi », qui se manifeste à l’improviste sur la page et m’étonne toujours.

Les chevaux. Faire une sortie en voiture avec une personne centenaire peut réserver quelque surprise. C’est ce qui m’est arrivé avec Papa Pasquale, mon beau-père, qui regardant autour de lui, m’a dit : « Gianluca, on ne voit plus du tout de chevaux sur les routes, il n’y a que des autos ! ». Fort sentiment d’éloignement, qui me fait remonter à une époque sans autos où il n’y avait que des chevaux : une époque que je n’ai pas connue mais dont j’ai eu connaissance quand Papa Pasquale m’a fait part de son étonnement de ne voir sur la route que des automobiles.

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