di Annie Gamet
Dans la salle de l’auditorium du Musée de la Piscine de Roubaix ce 19 novembre 2019, le film-portrait consacré au peintre Marc Ronet se clôt sur l’image d’une pièce remplie de toiles dont la plupart retournées laissent voir la date de leur achèvement – une vie, une vie de travail, une œuvre qui suivra son propre chemin, dont le créateur qui précise son âge, quatre-vingts ans, espère qu’elle aura été « utile ». Les lumières sont rallumées. Devant l’écran vide, quatre chaises ont été installées, sur lesquelles prennent place Marc et Monique Ronet, ainsi que les réalisateurs du film, Stéphane Lambert et Luc Hossepied. Le public est nombreux, silencieux, puis les premières questions sont posées. Marc répond. Comme il n’utilise pas parfaitement le micro qu’on lui a mis entre les mains, j’entends le timbre particulier de sa voix modulée par la diversité des émotions, telle que je l’ai dans l’oreille depuis les nombreuses années que nous nous connaissons. Je repense avec amusement à la phrase lancée par le cinéaste en conclusion de la rapide présentation de son film : « Et Marc Ronet est un acteur qui crève l’écran ! ». Une boutade bien entendu, car Marc ne joue pas. Jamais. Il est exactement lui-même, peintre, et c’est tout l’art du cinéaste d’avoir su regarder, écouter et faire oublier la caméra. Ainsi ai-je pu croire, au fil des images tournées sur les lieux d’une récente exposition à Roubaix, puis dans l’atelier et la maison familiale d’Halluin, à l’écouter parler de son travail de création et à le voir présenter ses œuvres, participer une conversation se superposant à nos précédents échanges, avec de ma part le secret espoir que se lève une part du mystère de la création artistique.