di Laura Fournier-Finocchiaro
Girolamo Comi (1890-1968) occupe une place à part dans le panorama de la poésie italienne du XXe siècle. Né dans une famille noble des Pouilles, dans la province de Lecce, il suivit des études en Suisse de 1908 à 1912, où il s’intéressa aux théories anthroposophiques de Rudolf Steiner. Il fit ses débuts à Lausanne avec le recueil de poèmes Il Lampadario (1912) et s’installa ensuite à Paris, où il entra en contact avec les principaux représentants de la poésie symboliste. De retour en Italie, après le traumatisme sur le front de la Grande Guerre, il reprit son activité littéraire à Rome et fit partie des cénacles poétiques de la capitale influencés par l’orphisme et l’ésotérisme, fréquentant entre autres Arturo Onofri, Julius Evola et, plus tard, Nicola Moscardelli et Ernesto Buonaiuti, et se faisant remarquer pour ses jugements très négatifs sur la poésie italienne du XXe siècle, notamment dans sa Lettera a Giovanni Papini poeta (1920). En 1946, dans une sorte d’exil volontaire, il retourna définitivement dans sa propriété de Lucugnano, où il fonda l’Accademia Salentina – qui réunissait des personnalités de premier plan de la culture nationale, dont Maria Corti – et la revue littéraire L’Albero, parallèlement à l’activité économique de l’Oleificio Salentino (une tentative d’entrepreneuriat solidaire qui ruina ses finances).
Sa particularité est d’être resté étranger à tous les courants et tendances poétiques du siècle dernier et d’avoir mené tout au long de sa vie une recherche cohérente, solitaire et ardue de spiritualité, rejetant la profession de lettré, insouciant de la notoriété et du succès. Il publia ses œuvres dans des auto-éditions à faible diffusion, non seulement parmi les lecteurs mais aussi parmi les critiques. Cinquante ans après sa mort, l’édition d’Antonio Lucio Giannone et Simone Giorgino réunit les trois grands recueils poétiques de Comi : Spirito d’armonia (1954), Canto per Eva (1958) et Fra lacrime e preghiere (1966). Cette anthologie, précédée d’une introduction de Giannone, est complétée par un essai de Fabio Moliterni (« Girolamo Comi : la poesia come inno »), une étude de Giorgini (« Un aristocratico isolamento : la fortuna critica di Comi ») et une bibliographie de la critique.