L’Uniformisation du monde (Stefan Zweig)

di Annie Gamet

Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage

Que nous puissions donner de notre dignité

Que ce long hurlement qui roule d’âge en âge

Et vient mourir au bord de votre éternité !

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal, VI, Les Phares v.41-44

Si plus que jamais ces derniers temps, tout ce que l’Europe compte d’éditorialistes, de faiseurs d’opinion, d’intellectuels en prise avec l’actualité, a les yeux tournés outre-Atlantique, c’est que ce lundi 20 janvier 2025 a lieu la cérémonie d’investiture de Donald Trump, élevé par sa réélection au rang de 47ième Président des États-Unis d’Amérique. Les supputations et commentaires vont bon train, de vertigineux questionnements donnent le frisson, tel celui qui ponctue quasiment chaque intervention médiatique : en cette année 2025, l’Union européenne s’apprête-t-elle à signer son arrêt de mort, ou est-elle encore capable d’élaborer le sursaut nécessaire à sa survie ? Plutôt que de risquer une prédiction sans fondement, je préfère me reporter un siècle en arrière avec la stimulante lecture d’un article de Stefan Zweig paru dans le Berliner Börsen-Courier  le 1er février 1925, intitulé Die Monotonisierung der Welt (L’Uniformisation du monde), judicieusement repéré par les éditions Allia, Paris, qui en 2021 publient la traduction française de Francis Douville Vigeant, accompagnée du texte original en allemand ; 48 pages que je découvre dans la version électronique réalisée par Nord Compo. Prendre quelque distance avec le contexte actuel au côté d’un écrivain aussi subtil et sensible que Stefan Zweig me semble un exercice de pensée essentiel.

En 1925 Stefan Zweig, est âgé de 44 ans. Écrivain reconnu, biographe, traducteur, il a déjà à son actif une intense production littéraire, traduite en plusieurs langues. Bien au-delà de Vienne, la brillante capitale de l’Autriche-Hongrie où il a vu le jour au sein d’une famille bourgeoise laïque d’origine juive, au cours de nombreux voyages et séjours à l’étranger il s’est nourri de la richesse de la culture européenne ; à Berlin, en Belgique, en Italie, à Londres, à Paris s’étaient nouées dès avant la première guerre mondiale les profondes relations intellectuelles et amicales qui lui donnèrent la force de maintenir intacte sa confiance dans les valeurs universelles de l’humanisme, du pacifisme en particulier, même au moment où elles étaient le plus menacées.

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