Migration

di Gianluca Virgilio

En 1641 Torquato Accetto publie De l’honnête dissimulation, un petit ouvrage que l’on cite encore aujourd’hui dans les classes quand on veut résumer la mentalité du XVIIe siècle. Une rose, d’après Accetto, est la plus belle des fleurs, de même que rien n’est plus beau qu’une belle figure humaine ; et pourtant, l’une et l’autre « dissimulent », c’est-à-dire cachent leur propre caducité (en peu de temps la rose est fanée, en peu de temps la plus belle dame est un cadavre). Nous n’aimons pas le revers de la médaille, et généralement nous nous plongeons dans la contemplation de son autre côté.

Je parlais de cela avec mes élèves quand il nous fut proposé de passer une matinée au cinéma, pour voir un film dont la thématique – la migration – fait partie intégrante du programme d’éducation civique. Le film Io Capitano (Moi capitaine) de Matteo Garrone raconte l’histoire de deux cousins âgés de 16 ans qui décident de quitter le Sénégal pour tenter leur chance en Europe. Leur vie au pays est une vie de pauvreté digne : ils fréquentent l’école où les cours sont donnés en français, ils trouvent facilement du travail, ce qui leur permet de mettre de côté une coquette somme en vue du long voyage, ils mangent à leur faim et ne manquent pas de moments de divertissement (danses communautaires et rencontres entre amis). Ils possèdent un smartphone, par lequel le chant des sirènes de l’Europe parvient à leurs oreilles. Pourquoi veulent-ils partir ? Parce qu’ils ne sont pas satisfaits de leur vie, pour voir un jour l’homme blanc leur demander un autographe, disent-ils, en définitive, pour connaître le succès. Ils partent et, comme on peut l’imaginer, leur voyage ne sera pas qu’une simple promenade. Ils découvrent les gardes-frontières corrompus et violents, ils risquent leur peau dans les sables du Sahara, ils font l’expérience de la prison et de la torture en Libye, jusqu’à la traversée de la Méditerranée et l’arrivée en Sicile. À la fin, le protagoniste, à qui la maffia libyenne a confié la charge de piloter le bateau en échange d’un passage gratuit pour l’Italie, exulte à la vue de la terre ferme et s’écrie : « Moi, capitaine ! », heureux d’avoir sauvé la cargaison humaine de migrants à bord, tandis que l’hélicoptère annonciateur des premiers secours survole le bateau.

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