di Gianluca Virgilio
Cette année dans mon lycée le conseil des professeurs, s’alignant sur ce qui se fait dans des centaines d’établissements italiens (mais le phénomène concerne tout l’Occident), a approuvé le règlement imposé par la « Carriera Alias ». Selon la définition donnée par l’Encyclopédie Treccani, la « Carriera Alias » désigne la procédure administrative qui, sur la base d’un accord de réserve entre d’un côté l’école ou le lycée, de l’autre l’élève et la famille (s’il s’agit d’un mineur), prévoit la possibilité de remplacer sur les registres et documents internes le nom officiel de l’élève par celui de son choix personnel, au cas où celui-ci serait une personne transsexuelle ou engagée dans un parcours de transition. La finalité du règlement, qui pallie la carence de la législation nationale, est celle de l’inclusion maximum à l’intérieur de l’école.
Une fois le règlement approuvé, je me suis plongé dans le livre de Jacques-Alain Miller, In trans, Quodlibet, Macerata 2022, livre entièrement consacré à une question qui semble être devenue essentielle et décisive pour notre civilisation. Comme le dit l’auteur dans l’incipit, la tempête a maintenant éclaté. La crise trans nous tombe dessus (p.7).
Jacques-Alain Miller (né en 1944) n’est pas n’importe qui. Disciple préféré de Lacan, légataire des écrits du maître dont il publie tous les séminaires, il est lui-même un psychanalyste de renommée mondiale, auteur de très nombreux livres traduits dans de nombreuses langues. Et pourtant, de son propre aveu, sur la question trans c’est son petit-fils de 16 ans qui lui fait la leçon – j’avoue qu’il m’est arrivé la même chose avec mes filles et mes élèves ! « Non, Jacques-Alain, ne dis pas qu’il est devenu une fille. Pour lui, c’est une offense. Il est une fille ». Apparemment Papy Miller ne perd pas son calme face à « l’indescriptible chaos » qui s’étale devant lui : « Pas de problème. Justement, moins c’est clair, mieux c’est. On renverse tout ce qu’on trouve sur le chemin» (p.16). C’est pour ne pas se faire renverser que Miller a écrit ce petit livre (110 pages seulement) en forme de réponse à son petit-fils, se frayant un chemin de page en page à travers le maquis enchevêtré des gender studies, à l’égard desquelles Miller est très critique. J’en conseille la lecture à tous ceux qui désirent entrer dans le détail de son argumentation ; conformément à l’esprit de ces notes de lecture, je me borne à le signaler, le prenant toutefois comme point de départ d’une réflexion sur le thème proposé.