di Annie e Walter Gamet
« Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de penser qu’ils préfèrent éviter. » (Søren Kierkegaard)
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. » (Benjamin Franklin)
Ce pourrait être un titre à la Charlie Hebdo dans ses meilleurs moments, mais nous ne sommes pas Charlie.
Alors qui sont-ils ceux qui, depuis la tuerie de mercredi dernier arborent leur badge « je suis Charlie » et l’ont exhibé ce dimanche dans la rue, par millions affirme toute la presse ainsi que le ministère de l’Intérieur, sans mégoter comme il a coutume de le faire à chaque manifestation syndicale sur le nombre des participants ? Ne parlons pas des familles, des amis ou des proches de l’équipe assassinée qui dans leur extrême douleur ont peut-être pensé trouver un réconfort dans un tel élan de solidarité. Peut-être même ont-ils préféré donner libre cours à leur chagrin loin du tapage médiatique. Seraient-ce donc les lecteurs réguliers ou occasionnels de Charlie Hebdo, ses fidèles sympathisants devenus trop rares puisque le journal était au bord de la faillite ? Non, le gros des troupes ne lisait pas Charlie Hebdo, ce que nous avons vu, c’est une énorme masse à la fois généreuse et crédule, toujours prête sous le coup de l’émotion à abandonner toute capacité d’analyse pour peu que la caisse de résonance médiatique fonctionne à plein régime. Certes, après les assassinats au siège d’un journal, les autres crimes contre la police et contre des Juifs qui en d’autres temps auraient fait les choux gras de la presse, furent traités avec une relative discrétion. Il faut pourtant reconnaître qu’en ces terribles circonstances, tous les médias œuvrèrent comme il convient, en accord avec le pouvoir.