La vague qui vous emporte, c’est nous, nous les surfeurs qui l’attendons. Nous sommes les cauchemars qui nous épouvanteraient si nous n’avions appris à les dominer. Nous sommes étudiants, précaires, candidats chercheurs, cerveaux toujours en cavale, intelligences non mesurables. La crise est notre compagne, nous sommes nés avec elle, elle ne nous fait pas peur. Nous l’avons déjà payée, maintenant, ce n’est plus notre affaire.
Nous, on s’est construit un corps collectif, avec les savoirs qu’on a socialisés, les désirs qu’on a partagés, la joie qu’on ne veut pas se voir ôter, les décisions qu’on sait prendre. La vague, c’est nous.
Nous sommes restés décontenancés en nous regardant, nous retrouvant sans nous connaître, nous mettant ensemble en mouvement instinctivement, chacune et chacun se reconnaissant dans l’autre et la marée monte.
Gares, places, rues bloquées, c’est une inondation. Nous, la crise, on ne la paiera pas ! Plus question de réprimer nos désirs, vous ne pouvez plus l’exiger. On a donné, à présent on veut prendre : prendre ce qui nous revient, ce qu’on a déjà gagné, ce qu’on a inventé.