En Italie, la gauche radicale n’existe plus. Pour mieux dire, la gauche radicale existe et continuera d’exister pendant au moins deux ères zoologiques, mais elle a disparu du parlement. S’agirait-il d’une conjoncture défavorable ? Ou bien est-ce quelque chose de plus significatif ? La gauche n’est plus à gauche de quoi que ce soit, la gauche est devenue vraiment sinistre. Personne ne voulant se faire représenter, elle ne représente plus personne. Voici donc la vérité : personne ne veut plus se faire représenter, alors la gauche, qui veut représenter les plus faibles, n’existe plus, vu que les plus faibles ne veulent plus se faire représenter.
La première question à se poser est celle-ci : pourquoi les plus faibles ne veulent-ils plus se faire représenter ? Réponses : les plus faibles ne sont après tout pas si faibles que ça ; les faibles qui ne sont plus si faibles veulent décider par eux-mêmes et parler à la première personne ; les plus faibles devenus forts sont plus intelligents que ceux qui devraient les représenter ; les plus faibles, si forts et si intelligents, ne veulent plus faire de compromis au nom du principe de la représentation.
Pourquoi les faibles sont-ils devenus forts ? Parce que la société est généralement plus cultivée et plus informée, parce qu’on travaille en communicant et qu’on communique pour travailler. Plus d’informations et plus de compétences en communication ne garantissent pas l’intelligence et ne protègent pas des passions tristes (envie, arrogance, imbécillité, rancoeur et ressentiment). Pas plus qu’elles n’assurent de meilleures conditions contractuelles : plus le travail intègre d’éléments de communication ou de cognition, plus les contrats deviennent flexibles et précaires.