Nous, on habite les plis de la vague
Lettre d’une association de surfeurs
à Gilles Deleuze
Avant-propos
Aujourd’hui en Italie, l’étudiant est, après le Rom et le Roumain, la catégorie sociale la plus généralement méprisée. Que l’étudiant fasse ce qu’il est censé faire, aller à l’école ou à l’université, ou bien autre chose, travailler ou s’amuser, cette catégorie sociale, (qu’on connaît mieux sous l’appellation « les jeunes »), quelques-uns la plaignent simplement, et la plupart la craignent ouvertement.
Ceux qui plaignent l’étudiant sont en général ceux qui le fréquentent. Qui sont plus ou moins proches de lui ou qui, d’une manière ou d’une autre, ont affaire à lui. Les parents, les frères et sœurs, le grand-père et les membres de la famille en général. Les parents nourrissent pour l’étudiant, qu’il soit au lycée ou à l’université, une vraie compassion, pour les raisons les plus diverses. Ils le plaignent avant tout parce que, partageant le même toit et souvent du même sang, ils ne peuvent se permettre de le haïr. Pour réprimer un sentiment tellement contraire à l’amour parental naturel, ils n’ont plus que le recours à la compassion. Du reste, c’est seulement comme ça que s’explique la non-propagation d’une épidémie de meurtres d’enfants en âge scolaire. Alors, plutôt que de condamner à perpétuité l’étudiant à la haine de ses parents, on le plaint et on le blâme pour la condition qu’il lui faut subir et qu’en retour il fait subir à ses père et mère. Cela empire à l’approche de la période universitaire.