di Gianluca Virgilio
Cher Lucio,
Quelques images précises de toi sont gravées dans ma mémoire.
La première remonte à mes quinze ans (nous sommes donc en 1978) quand, en compagnie de quelques amis lycéens, en haut des marches de la permanence « Carlo Mauro » place Alighieri, sans te connaître, je t’ai demandé si tu nous permettais, à nous du collectif lycéen, d’utiliser la ronéo du PCI. Tu m’as passé le bras autour des épaules comme on le fait avec son fils, tu m’as demandé mon nom et ouvert la porte de la salle de réunion des jeunes de la FGCI. Nous, nous n’allions pas pour autant nous inscrire à la FGCI, nous étions loin des partis, nous ne voulions pas nous faire récupérer, de ton côté tu savais bien que nous nous servions de toi.
La deuxième image, toujours dans ces années-là, est celle d’un homme qui harangue la foule sur la place, avec des mots et des intonations allant crescendo, qui se terminaient par de longs applaudissements. L’insigne du PCI était pour toi comme un bouclier, la faucille et le marteau tes nobles armes ; au pied de l’estrade, les derniers journaliers de Galatina, désormais âgés, ouvriers agricoles et maçons, ceux qui se mettaient près de l’octroi plus par habitude que pour se procurer une nouvelle journée de travail ; et puis quelques jeunes, de rares personnes courageuses, qui n’avaient pas peur ni honte de participer à un meeting du PCI.
La troisième image que je garde en mémoire est celle d’un poète vieilli, un livre ou un agenda sous le bras, qui fait son tour place San Pietro, rue Vittorio Emmanuel, Corso Garibaldi, en compagnie d’un ami, plus souvent seul.