Quaderno di traduzione 2. Critique du tarentisme

di Gianluca Virgilio

Foto di Franco Pinna presso il Museo del tarantismo di Galatina.

Dans son roman Le Guépard, Tomasi di Lampedusa, commentant la scène où don Ciccio Tumeo dialogue avec don Fabrizio, qualifie le personnage de don Ciccio de snob, et précise que le snob est le contraire de l’envieux ; définition très subtile que je n’ai comprise que récemment, quand j’en ai fait directement l’expérience.

Hier soir, dimanche, tout en me promenant dans les rues du centre historique de Lecce, je regardais les gens, touristes en groupes nombreux, affairés derrière leur guide, occupés à feuilleter un livret ou à consulter un plan de ville, ou bien petites familles en groupes plus modestes, venues se retrouver ici depuis la périphérie ou les localités de la province, en admiration devant les divers éléments architectoniques des palais et des églises du centre historique : cornes d’abondance, chapiteaux corinthiens, figures zoomorphes, colonnes torses, balcons décorés d’élégantes balustrades, marques d’une architecture civile et sacrée, expression raffinée et arrogante d’une aristocratie terrienne qui affichait ainsi sa suprématie et semble encore l’afficher aujourd’hui, par delà les siècles où elle a vécu. Le baroque fut cet étalage de la supériorité du centre face à la campagne avilie, pressurée, pillée. Je me suis mis à penser à la définition de Tomasi di Lampedusa : les propos et les regards des nombreux visiteurs de la ville d’art reflétaient le sentiment d’admiration de don Ciccio Tumeo pour le prince Fabrizio, à savoir celui du snob pour le puissant vieillard, l’exaltation inconsciente et aveugle de la soumission, qui devient respect religieux et prend un aspect de pietas mêlée de componction face à l’architecture sacrée. Et je me suis tout à coup senti don Ciccio Tumeo, dans la mesure où moi aussi j’étais là à me promener dans cette scénographie, et tous les autres m’ont semblé pareils à moi, une vraie foule de don Ciccio Tumeo fabriqués en série, qui rendait hommage à la représentation théâtrale du néobaroque du Salento, dans laquelle il nous était permis d’évoluer. Et sachant que l’homme aime s’exprimer figuraliter, j’ai compris que la mise en scène de la promenade dominicale était un hommage métaphorique que le peuple du Salento, uni aux nombreux touristes venus de l’extérieur, rendait à l’actuelle aristocratie plus ou moins terrienne qui domine ce territoire.

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