di Gianluca Virgilio
Les objets inanimés et les humains. « Les objets inanimés changent plus rapidement que les êtres humains. (…) une fêlure dans le crépi d’une maison non entretenue se creuse plus vite qu’une ride sur un visage, un mur modifie sa couleur plus rapidement qu’une chevelure, une pièce se dégrade de manière continue et n’accède jamais à une pause temporaire sur le haut plateau de la vieillesse où peut vivre longtemps un homme, sans transformations apparentes. » (Graham Greene, Le consul honoraire, 1973).
Le temps des objets inanimés semble être plus néfaste que le temps des humains, mais ce n’est qu’une apparence, puisque pendant que les objets inanimés n’opposent au temps qu’une force d’inertie, les hommes lui opposent une résistance active, qui ralentit son action corruptrice et leur donne l’illusion d’être plus forts.
Cannibalisme, ou plutôt scène d’amour. Dans Jeux d’été (1951), Ingmar Bergman met en scène l’étreinte d’Henrik et de Marie, serrés l’un contre l’autre. Henrik parle le premier :
« J’ai envie de te mettre en petits morceaux et de te manger toute entière.
– Tu commencerais par quoi ?
– Les mains, puis les bras, ensuite le torse.
– Et comment peux-tu savoir que le torse est à ton goût ? Petit coquin !
– Un cannibale de ma connaissance n’arrête pas de m’en dire du bien. »
(On entend le cri d’une chouette)
Peu après, Marie reprend : « Arrête de me mordre. Sinon, moi aussi je commence. »
Revenir. Le désir de revenir dans un lieu où nous avons séjourné avec plaisir est lié au désir de renvoyer la mort à plus tard. Il implique la demande que nous adressons à la mort de nous donner le temps de revoir ce lieu avant de mourir. C’est pourquoi revenir dans le lieu aimé nous plaît davantage que de le visiter pour la première fois.