Zibaldone salentino (extrait 9)

di Gianluca Virgilio

Une rêverie, mais réelle, c’est-à-dire fondée sur des faits qui se sont réellement produits dans mon jeune âge, me revient parfois à l’esprit, dans mon demi-sommeil. Je n’ai pas encore quinze ans, je suis maigre et agile comme un lièvre, pas des plus rapides, mais ma course est pleine d’astuces et de mouvements latéraux imprévisibles. Le jeu avait lieu sur le circuit de la Villa grande dont il était interdit de descendre (c’est-à-dire sur le trottoir qui la délimitait et la délimite encore aujourd’hui). Mes amis me donnaient un avantage de quelques secondes puis ils s’élançaient à ma poursuite. Dès que l’un d’eux me touchait, il gagnait le droit de passer du statut de suiveur à celui de suivi, tandis que moi je prenais sa place. J’étais très adroit, habile à esquiver les mains des camarades qui tentaient de m’encercler pour m’ôter toute échappatoire, et je réussissais souvent à retarder de beaucoup l’inévitable capture. Aujourd’hui, quand je sommeille à l’aube, je me revois comme j’étais alors, léger et agile, toujours bondissant d’une plate-bande à l’autre, entre le tronc d’un pin, d’un chêne vert, d’un palmier, volant presque parmi les buissons de verveine ou de pittosporum, échappant aux mains de mes poursuivants, les cheveux au vent, des gouttes de sueur au front ; cette vision me berce dans mon réveil matutinal : dans l’immobilité du lit, c’est une consolation de penser que je me détache du sol, que pour ainsi dire je vole comme un oiseau et que je suis imprenable.

Ranger un débarras. Consacrer la matinée à ranger un débarras dans lequel se sont accumulées trop de choses devenues inutiles, que nous n’avons pas eu le courage d’éliminer et qui maintenant nous encombrent : les brassards de natation, des sacs usés, des cartons, un siège cassé que nous avions l’intention de réparer, le porte-bagage de l’ancienne voiture. Cette activité est riche d’enseignement, car elle nous met en contact avec notre vie passée et nous donne la mesure du temps écoulé… Ces objets qu’aujourd’hui nous jetons, nous les avons un jour choisis avec soin, nous les avons acquis parce que nous en ressentions le besoin, ils nous étaient utiles. En les jetant, nous prenons conscience que le temps a consumé une partie de la vie. Mais en même temps nous avons dégagé de l’espace pour du nouveau, la vie peut donc continuer.

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