di Gianluca Virgilio
Un baiser. « Je sens que je te mangerais dit l’Anglais en baisant son enfant ; et il dit la vérité. Le baiser n’est autre chose qu’une expression de l’envie de manger l’objet qu’on baise ». Histoire de ma vie, Giacomo Casanova, éd. Robert Laffont, 1993, t. III, vol. 10, chap. I, p. 307.*
La propriété privée d’après Jean-Jacques Rousseau. Dans son Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, éd. Garnier, 1961, seconde partie, p. 66, Jean-Jacques Rousseau a tout dit sur le sujet : « Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : ‘Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne !’ »
Et pourtant nul n’a écouté sa voix, les clôtures se sont élevées, souvent jusqu’à revêtir l’aspect de hauts murs. C’est donc cela le début de la civilisation ?
Ce que signifie dire nous selon Maurizio Ferraris. Les pronoms sont toujours révélateurs. Pour comprendre ce que nous signifie, lisons Le retour du nous de Maurizio Ferraris, publié dans « La Repubblica » mercredi 29 mai 2013, p. 35 : « Le point essentiel est que, contrairement aux apparences, l’usage du ‘nous’ se réfère moins à une identification qu’à une exclusion. Du ‘nous les esprits libres’ de Nietzsche au ‘nous les habitants de Padanie’ ou ‘nous les modernes’, le but principal du ‘nous’ est certes de construire un agglomérat dans lequel un individu s’autoproclame représentant d’une classe, mais plus encore de générer le fantasme du ‘eux’, les autres, ceux qui ne sont pas ‘nous’ (…) Voilà pourquoi, à mon avis, un des buts centraux de la philosophie en tant que critique de l’idéologie doit être précisément une condamnation de la fiction universalisante du ‘nous’. Ce ‘nous’ est un nous exclusif, justement dans le sens où il exclut. »
Snobisme. L’abus de la langue anglaise est un signe de snobisme chez les soi-disant intellectuels. L’actuel système capitaliste requiert la connaissance d’une langue globale, l’anglais ; alors le soi-disant intellectuel n’a aucun doute : sa langue est l’anglais, même quand il doit expliquer Dante et la Divine Comédie.