di Gianluca Virgilio
Le journal intime et le Zibaldone. Tenir un journal intime, écrire au jour le jour ce qui m’arrive, noter les pensées qui me traversent l’esprit, y compris suite à diverses lectures, c’est ce que je fais depuis quelques années. Aujourd’hui j’extrais de ce journal les pensées qui constituent le présent Zibaldone salentin. Mon œuvre complète, du moins celle des quatre ou cinq dernières années, c’est donc le journal ; une œuvre non présentable, impubliable, qui ne saurait intéresser personne, remplie comme elle l’est de détails personnels, familiers, souvent répétitifs. Et pourtant, dans une de mes notes, je trouve ceci : « J’ai fait un rêve que je voudrais noter dans ce journal, mais voilà que je ne me le rappelle plus et je le regrette beaucoup ». Tant de choses sont exclues même des pages d’un journal ! On n’écrit pas son journal pour un lecteur, à moins d’être persuadé que cela puisse avoir un jour un quelconque intérêt public. Ne retenant pas cette hypothèse, je considère mon journal comme une écriture personnelle, presque secrète. Je dis presque, car je n’exclus pas que quelque regard puisse s’y insinuer. Avertissement au lecteur, je n’en puis donner que des extraits.
Le fait de publier n’est pas sans importance, c’est un acte hautement communicatif, quelque chose d’intrinsèque à l’écriture, qui présuppose ma confiance dans la possibilité que ma pensée puisse rencontrer celle d’autrui. Car la pensée n’est jamais unique : à moins qu’on ne divague, elle est la pensée de tous.
Pensée sur le pouvoir pendant que je prends ma douche. Le pouvoir des hommes a de tout temps été fondé sur leur capacité à maîtriser l’eau : pouvoir de la civilisation hydraulique de Mésopotamie, d’Égypte, d’Inde, de Chine, etc. C’est à cela que je pensais tout en prenant une douche bienfaisante contre l’étouffante chaleur de l’été, quand j’ai soudain compris à quel niveau élevé est parvenu le pouvoir qui nous tient, pour qu’il nous soit donné de prendre commodément notre douche dans nos maisons. D’où vient cette eau bénie ? Qui l’a assainie, canalisée, amenée, peut-être de très loin, jusqu’à ma pomme de douche pour mon bien être ? Un tel pouvoir est forcément immense, exclusivement comparable au pouvoir destructif de la bombe atomique.