di Gianluca Virgilio
Croyance. Dieu considéré comme imagination collective, faite de récits élaborés par des centaines de générations pendant des milliers d’années. Le « je » montre que nous avons l’humilité de saisir notre propre petitesse et notre mortalité ; à l’opposé, nous avons l’orgueil d’imaginer un être immensément grand, causa sui, capable de compenser l’insuffisance du « je ». L’homme est une figure tragique et sa tragédie est d’être à durée déterminée, soumis à échéance. Il sait que son destin est de devoir mourir un jour, mais il ignore lequel. Cette limite libère l’imagination collective, qui dans la mesure où elle est collective, donne à beaucoup l’illusion de la vérité. Les hommes ont peur, ils imaginent et croient tous ensemble, ou presque. Si des foules infinies pendant d’innombrables générations ont cru et croient que Dieu existe, qu’il nous attend dans un au-delà qui finalement nous soustraira au destin tragique de la mort, qui suis-je moi pour dire que cela ne correspond pas à la vérité ?
La mesure personnelle. Faire la clarté au dedans de soi, éclairer son propre jugement, cela signifie comprendre quelle est sa propre mesure et s’y conformer, en suivant le cours de la vie, sans coercition ni dérogation. La recherche de sa propre mesure, c’est la recherche, sinon de ses propres raisons de vivre, au moins des conditions qui peuvent procurer un certain bien-être (le bien vivre). Et comme nous partageons toujours la vie avec les autres, chercher sa mesure, c’est aussi clarifier notre type de rapport à autrui, notre comportement social. On découvre alors que notre mal-être, s’il a existé, a coïncidé avec certaines tentatives de la volonté de nous forcer nous-mêmes ou de forcer les autres, alors que rien n’aurait été plus facile que d’accompagner le cours normal des choses.